J’ai dormi dans la rue et...

J’ai eu envie de vous raconter pourquoi aujourd’hui j’ai encore plus la conviction que nous avons choisi la bonne cause.  

Cette 2e édition de « La Nuit dans la Rue » est organisée par l’organisme Dans la rue venant en aide aux jeunes de 12 à 21 ans qui se retrouvent sans domicile. Il y a autant de raisons différentes de se retrouver à la rue qu’il y a de jeunes qui fréquentent ce service. Parfois, c’est un cadre familial dysfonctionnel, parfois ce sont des troubles de santé mentale, comme la schizophrénie. Parfois, ce sont des jeunes qui se font sortir des centres jeunesse parce qu’ils ont atteint « l’âge adulte », sans toutefois avoir été préparés à devenir autonomes. Parfois, c’est une jeune fille ayant fait son coming outet qui a été reniée par sa famille. Toujours, c’est un sentiment de solitude qui s’installe et des questions que nous, gens choyés par la vie, n’avons pas à nous poser au quotidien : « Où vais-je dormir ce soir ? », « Qu’est-ce que je vais réussir à manger aujourd’hui ? » et « Qui est là pour moi ? ». 

L’événement « La Nuit dans la Rue » sert de levée de fond mais a surtout pour but de sensibiliser les gens à la réalité des jeunes. Diverses activités ont été organisées pour nous faire vivre le plus réellement possible la réalité de ces jeunes, mais aussi le quotidien des intervenants – psychologues, musicothérapeutes, infirmières, bénévoles, travailleurs sociaux, etc. - qui livrent un travail exemplaire et essentiel à la survie des jeunes. 

 

Hier soir, les 60 participants à cet événement ont eu la chance de visiter le Centre de jour par le biais de la réalité virtuelle. Nous avons ensemble préparé 2 000 hot-dogs, tâche nécessaire pour servir les jeunes visitant la roulotte, qui se déplace quotidiennement depuis 30 ans. Nous avons vécu une courte expérience de musicothérapie. Nous avons aussi entendu le témoignage de 3 jeunes adultes inspirants qui sont passés par la rue et par multitude de souffrance pour aujourd’hui devenir des citoyens respectables et attachants, avec une solide envie de devenir une meilleure version d’eux-mêmes. Nous les avons écoutés nous raconter leur parcours avec l’envie de les serrer dans nos bras. 

Je m’étais préparée à cette nuit en me questionnant sur le contenu de mon sac à dos et en regardant la météo annoncée. 3 degrés annoncés durant la nuit pour une nuit d’octobre ; imaginez en plein mois de janvier ! Déjà l’ironie de la situation m’a sauté aux yeux. Quand on a 14 ans et qu’on se fait mettre dehors de chez soi, a-t-on le temps de se préparer ? 

Dormir dans la rue, c’est se faire réveiller par le bruit des sirènes d’ambulance et des klaxons. C’est avoir froid, avoir faim. C’est dormir un œil ouvert avec la peur de se réveiller et de s’être fait voler son sac à dos qui contenait bien peu de choses mais des choses importantes pour soi. C’est vivre avec un sentiment d’incertitude constant, à un point tel que ces jeunes développent de l’anxiété et des troubles de santé mentale à force d’être dans un mode de survie. 

Réveillée à 4h30 du matin par les bruits de la ville, couchée dans le Square Victoria, le frisson dans le corps, je n’ai qu’une envie. Celle de remercier les gens qui contribuent à améliorer le quotidien de ces jeunes et qui leur offrent une oreille bienveillante et sans jugement. Remercier les clients de nos courtiers, qui par le biais de chaque transaction, contribuent à la cause. Remercier notre réseau entier, qui a assuré depuis presque 4 ans, la pérennité du « Bunker », qui accueille nuit après nuit 17 jeunes n’ayant pas la chance d’avoir notre chance.  

Je rentre chez moi, avec un sentiment de gratitude inexplicable mais que j’avais envie de vous partager.

 

Stéphanie Beaudry
groupe sutton – québec inc.

 

Pour en savoir plus sur l’organisme Dans la rue, visitez danslarue.org